Projet interdisciplinaire : sur les approches politique et interculturelle des œuvres d’artistes migrants – pour favoriser l’accueil et l’inclusion des primo-arrivants.
Pilote : Geneviève Guétemme (université d’Orléans)
Ce projet interdisciplinaire fait intervenir des artistes migrants en milieu scolaire et associatif pour faire évoluer l’accueil et l’inclusion des primo-arrivants. Ce projet s’inscrit dans le programme scientifique du laboratoire REMELICE de l’université d’Orléans sur le genre, la politique, la culture et l’identité. Il se concentre sur un public en constante augmentation en Europe (UNICEF, 2020) et aborde la création artistique comme une forme de questionnement critique et comme outil de médiation susceptible de favoriser les échanges entre ces migrants et les acteurs du tissu éducatif et social qui les accompagnent. L’art est ici utilisé pour mettre en avant le point de vue des jeunes, leur parole et leur imaginaire en relation avec les contingences auxquelles ils sont soumis (démarche heuristique des Childhood Studies). Il s’agit d’observer, à la suite des travaux de Maïtena Armagnague-Roucher et Al. (2017), une façon de s’ouvrir à des savoirs culturels, esthétiques et sociologiques, essentiels pour aborder le rapport à la différence et à l’altérité.
Trois groupes cible :
- Mineurs isolés accueillis par la Fondation des Apprentis d’Auteuil au Château des Vaux.
- Adultes inscrits au cours de français langue étrangère (FLE) de l’association Olivet-solidarité – parents ou non d’enfants primo-arrivants scolarisé ou pas.
- Enfants en cours préparatoire (CP), migrants de deuxième ou troisième génération.
Protocole de recherche « avec l’art » nommé Art Based Research (ABR)
Protocole initié dans les années 1980 par Eliott Eisner (1981) et Shawn McNiff (1998), centré sur la parole et l’agentivité des jeunes. L’objectif est de recueillir des données culturelles et psychologiques concernant une populations cible en milieu éducatif formel et informel, tout en interrogeant les représentations, les orientations et les évolutions des discours sur les populations migrantes. Cette méthodologie propose un « Learning by doing » / « apprentissage par le faire », mais ne se limite pas à des activités pratiques. Il s’agit de mettre la liberté d’expression et le vécu des jeunes au cœur du dispositif de recherche et de se concentrer sur les non-dits, les expériences corporelles et sensibles afin d’identifier des fonctionnements et faire émerger des récits. La pratique artistique est ici abordée comme une pensée subjective, complexe et réflexive à valeur morale – loin des discours politiques et médiatiques sur la migration.
2022-23 : « migration et alimentation »
Entrée narrative basée sur le « manger », la survie et le contrôle que les migrants essaient de garder sur leur corps. Prise en compte du fait que la nourriture est un objet culturel qui caractérise de nombreuses communautés.
Hypothèse : la production de récits (individuels et collectifs) met le migrant en situation d’autoréflexion sur son parcours, lui permet d’identifier et à interpréter des moments constitutifs qui seront ensuite partagés avec la société d’accueil pour une co-construction de sens.
Objectifs : atteindre ces trois finalités examinées lors du colloque Les voies du récit / Pratiques biographiques en formation, intervention et recherche de 2018 (Tours) :
- la finalité de production de connaissance (sur des artistes migrants qui interrogent les migrations et sur les migrants en termes de démographie, de comportement, de survie et d’identité)
- la finalité de transformation de la réalité sociale (compréhension accrue des migrants par la société d’accueil)
- la finalité de formation (proposition d’expérimentations pédagogiques exploitables par les enseignants et éducateurs engagés auprès des primo-arrivants : aider les enfants à mettre la migration en perspective tout en les aidant à évaluer et à valoriser leur héritage.
Enjeux
- artistique : sur l’impact des humanités et plus particulièrement des arts sur la vie publique.
- éducatifs : quitter l’approche courante consiste à donner seulement des cours de langue pour que le nouvel arrivant soit scolarisé, Il s’agit de s’appuyer sur l’apprentissage de la langue pour donner la parole et recueillir des récits pour que l’ouverture à l’altérité se fasse dans les deux sens : du migrant vers la société d’accueil et inversement.
- épisthémologiques : recueil de données qui questionnent l’objectivité de l’observation scientifique, souvent mise en doute dans l’analyse des récits de vie.
Intervenants
- Dandrine Noé – référente de la classe mosaïque du Château des Vaux, Fondation des Apprentis d’Auteuil
- Marie Carmen Becerra et Bruno Berthol – enseignants des classes de cours préparatoire de l’école Denis Diderot (Orléans-La Source)
- Carmel Modaffai-Mitifiot – formatrice en charge du groupe d’apprenants (niveau B1) du cours de français langue étrangère de l’association Olivet Solidarité.
- Claire Colombiel-Tuira – linguiste (université d’Orléans)
- Philippe Bourdier – recherches narratives (université d’Orléans)
Partenariat
Iehca (institut européen d’histoire des cultures de l’alimentation – https://villa-rabelais.fr/)
Reseau interdisciplinaire international « recherche avec »
ÉRCAE (Équipe de Recherche Contextes et Acteurs de l’Éducation (EA7493)
Financement : Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC)